Visite du Kremlin

Кремль

  Nous partons pour le Kremlin, je me trompe dans le métro. Je sors trop tôt à la correspondance. Nous essayons d’y aller à pied mais impossible de se repérer sans  plan du quartier et les immenses boulevards bruyants ne nous encouragent pas à continuer.

Nous retournons dans le métro c’est plus prudent, plus sûr et plus rapide et cela nous donne une nouvelle occasion d'admirer le luxe des stations, avec les lustres, marbres, mozaiques...

  

 Arrivés au kremlin il faut faire une petite queue pour acheter les tickets d’entrée, puis pour déposer les sacs à la consigne (payante en plus du billet d’entrée). Ils sont tout de même vite passés du communisme au capitalisme à outrance. Il faut tout le temps payer et en plusieurs fois, entrée, toilette, consigne, nouvelle entrée…ça m’agace.  

 Nous visitons le kremlin et son ensemble d'églises. Elles sont vraiment très belles, c’est sûr que venir en Russie sans avoir vu la Place Rouge ni le Kremlin aurait été dommage ! Je ne ressens tout de même pas la même émotion que lors de l’office religieux avec les chœurs. Il y a un peu trop de touristes et pas assez de fidèles. L'ambiance est celle d'un musée et non le lieu de receuillement et de ferveur que nous avons pu observer dans les petites églises de quartier. J’écoute une guide russe passionnée qui explique à des enfants l’iconostase. C'est passionnant et les explications faciles à comprendre !

  Il aurail  peut être fallu visiter Moscou et son patrimoine avec un guide et non seuls comme nous le faisons. Un guide saurait nous faire partager son amour de la ville et nous montrer en peu de temps un maximum de belle choses. Ayant vécu ici pendant un an je pensais pouvoir le faire, mais il ne me reste que peu de souvenirs curieusement moins qu’à St Petersbourg que je connaissais peu, et le peu de souvenirs que j’ai, je ne retrouve rien ne reconnais rien. C’est troublant. Moscou s'est totalement métamorphosée et cherche à rayer sa période soviétique. 

Nous faisons le tour de toutes les églises, les intérieurs sont très riches, les icônes et fresques du mur au plafond sont impressionnantes. De jeunes choristes chantent et vendent leur musique. Dès qu'ils se mettent à chanter, l’église prend une autre dimension, les touristes se taisent, chuchotent et nous ressentons vibrer les lieux. Une des chanteuses est une jeune femme blonde avec un châle sur la tête, elle a vraiment un très joli et typique visage slave. Christian essaye de la photographier, mais discrètement et nous ne savons pas si la photo sans flash sera réussie. Dans le Kremlin dès qu’une personne s’éloigne des zones autorisées, dès qu’elle s’écarte des passages piétons sur les routes pavées des coups de sifflets les rappellent à l’ordre. Voilà une chose qui n’a pas changé ! Il faut dire que c’est toujours le siège du pouvoir. Nous pouvons tout de même nous promener dans les jardins librement. Je pense que cet endroit a été le centre de tant d’histoires et complots, de l’Histoire, que je ne peux pas apprécier totalement. Mon côté russe s’exprime mieux dans les petites églises toutes simples que dans les sites officiels où le pouvoir soviétique a trop laissé son empreinte. 

Après le Kremlin nous nous promenons dans le quartier très animé de l’Arbat.  Il n'a pas trop changé depuis les années 1980, j'y retrouve une certaine ambiance intellectuelle avec les bouquinistes. C'est dans ce quartier que l'on trouvait disques,  partitions de musique et un tres large choix de bouquins. Immédiatement me vient en tête la mélodie et les paroles de Boulat Okoudjava "Arbat, mon Arbat, tu m'appelles, tu es ma joie et ma peine." "Ах, Арбат, мой Арбат, ты - моё призвание, Ты - и радость моя, и моя беда."

 Ce quartier entièrement repeint et rénové s'est bien développé au niveau artistique avec les peintres, portraitistes et caricaturistes qui étaient interdits à l'époqque soviétique. Il a un petit côté Montmartre et n'est pas encore trop pollué par les boutiques et enseignes.

Nous cherchons un coin pour manger. Nous trouvons un beau restaurant biélorusse. C’est bon mais nous sommes plus à l’aise dans les bars que dans ces restaurants aux nappes blanches et à l’ambiance feutrée. Nous sommes tous unanimes sur ce point. 

 Nous cherchons le beau magasin Ellisseiev (style art déco comme à St Pet) et achetons de la vodka pour ramener en cadeau. Le magasin est beau mais Christian remarque qu’il n’y a que très peu de produits russes.

Nous nous rendons ensuite au monastère Donskoï mais pas de chance nous arrivons à la fermeture. Nous ne nous sommes pas méfiés mais les distances sont tellement grandes ici, qu’il faut un temps infini pour aller d’un endroit à un autre même en métro. Nous cherchons le Parc Gorki pour aller manger une glace et nous reposer un peu dans la verdure. Nous n'avons pas de chance un gros orage éclate lorsque nous arrivons.

Nous achetons tout de même une glace. la vendeuse trouve notre langue très belle.Et me fait des compliments sur Les filles qu'elle trouve très jolies et stylées. Ce n'est pas la première fois que l'on me fait des compliments sur elles, elles plaisent beaucoup et on Les trouve très belles.evidemment je fonds devant ces paroles ! À chaque fois que je parle russe, ça suscite des interrogations. Ou ai-je appris le russe ? Pourquoi ? Ça attire la sympathie des russes qui sont habitués aux touristes maintenant, mais pas ceux parlant leur langue. Nous n’entrons pas dans le parc, car il pleut, c’est trempé et payant !… Lénine doit se retourner dans sa tombe de voir que son parc créé pour le repos des travailleurs est devenu un parc d’attraction avec manège et orchestre payant. L’entrée est toujours aussi monumentale, colonnes gigantesques, fronton et inscription sur le repos des ouvriers.

La glace terminée sous le parapluie nous retournons en métro (tout est en cyrillique, aucune indication en anglais, je me demande bien comment font les touristes ?)  vers le centre et nous retournons sur l’esplanade du parc Alexandre. Nous apprécions ce coin animé et agréable et nous n’avons pas encore envie d’être déçus ailleurs. Nous prenons un dernier verre et mangeons une pizza. Finis les blini, les pielmieni. Nous faisons la soirée de transition avant le retour sur l’Europe. Moscou est beaucoup plus occidentalisé que St Petersbourg et c’est en contradiction avec ce que voulait Pierre le Grand, une fenêtre ouverte sur l’Europe. A Moscou les filles russes ont un look plus moderne, plus varié, et plus fantaisiste. Nous voyons moins de filles au style typiquement russe et au charme slave. On sent un brassage de population diverse et d’origine variée. C’est la capitale et ça se sent.

Nous allons jeter un dernier coup d’œil à la Place Rouge, puisque c’est elle surtout que nous sommes venus voir à Moscou, de nuit cette fois-ci, elle est illuminée, belle, plus belle que rouge, il est possible de s’y promener, plus de barrières, impressions très agréables, plus agréables que le premier matin. Nous sommes moins fatigués aussi et l’atmosphère dans le ciel plus douce, ça y fait pour apprécier un lieu. Quelques derniers pas et derniers clichés sur la place et nous rentrons.

A l’appart nous regardons la télévision l’une des premières fois en Russie. Les enfants zappent d’une chaîne à l’autre, et sont surpris par la quantité de pub, il y en a beaucoup plus que chez nous, c’est dire, et par la mauvaise qualité des doublures des films (une voix off en russe superposée sur la voix originale anglaise en fond). Il y a beaucoup de pub sur le look, l’apparence féminine, sur les centres de beauté et de chirurgie esthétique. Quelles sont les Russes qui peuvent se payer ça ? Quelle frustration pour les autres ! Que d’écart dans les couches sociales, on dirait qu’il y a les très très riches que l’on ne voit d’ailleurs pas dans la rue, et les autres ceux de la rue assez pauvres, mais on ne voit pas de couche moyenne, intermédiaire comme chez nous. Moscou semble tout de même plus riche mais aussi plus chère que St Petersbourg.

Au revoir Moscou, au revoir la Russie. J’espère ne pas attendre encore 20 ans avant de revenir ou alors je risque de ne plus rien retrouver et reconnaître.

Chère Russie je te souhaite de trouver enfin un équilibre, loin de la dictature et loin de l’ultra libéralisme.

A une prochaine fois en hiver...

 Une très ancienne chanson Ой да не вечер