La Place Rouge était vide !
Москва Крaсная Площадь
Les chauffeurs de HOFA nous attendent comme prévu sur le quai. Nous avons deux voitures, une vielle Lada et une moderne, et nous partons vers l’appartement situé en banlieue. Quel choc de revoir Moscou, je ne reconnais rien, que de voitures, de publicité, de vitrines, de devantures modernes. Et puis d’un coup je reconnais une église, le théâtre La Taganka. Mais c’est moche. C’est plus européen et moderne qu’il y a 20 ans mais presque encore plus moche. Après St Pet quel choc. Une grande métropole sans harmonie, sans véritable centre ville historique, sans charme, et trop gigantesque.
Les quelques belles églises ou bâtiments sont complètement étouffés par les immenses monuments et constructions de l’époque stalinienne ou par les usines et magasins modernes.
Nous arrivons à l’appart à Vykhino, sous la pluie et la grisaille ce qui n’arrange rien dans un immeuble des années 60 construit à l’époque Kroutchev. Pas beau mais confortable et grand selon le standard russe et pour la capitale. Nous aurions préféré être logé en centre ville, mais à cinq c’est difficile, les appartements sont petits, chers et là où nous aurions tout d’abord du être logés il y a eu des coupures d’eau, ça arrive avec les travaux effectués l’été. Les affaires sont vite réglées avec le propriétaire qui est très jeune et doit être à la fac à 8 heures.
Nous prenons une douche, un bon petit déjeuner et nous filons en métro. Hideux métro de banlieue, foule énervée, pressée, nombreuse. Nos premières impressions ne sont pas très positives. Manque de sommeil ou réalité ? Quel contraste après St Petersbourg. Nous faisons tous un peu la gueule. La capitale avec son stress et ses grandes distances ne nous charme pas. Nous arrivons enfin après une dizaine de stations à la station Bibliothèque Lénine, immense et horrible construction ! et cherchons le chemin du kremlin. Mon regard est attiré par d’ immenses coupoles dorées qui brillent dans le ciel gris mais ce n’est pas le kremlin. Je ne connais pas cette église, elle est nouvelle ! C'est l’église St Sauveur, nous nous en approchons mais elle est en fait très loin. Je ne reconnais pas du tout le quartier, en fait en 1982, cette église n'existait pas et il y avait une piscine à son emplacement ! J'apprendrai ultérieurement le surnom de cette nouvelle construction, l'église St sauveteur ! Ce n’est pas agréable de marcher, il y a beaucoup trop de voitures, l’air est irrespirable, il fait lourd, très orageux. Puis je reconnais au loin l’enceinte du kremlin, nous arrivons dans le jardin Alexandre.
C’est déjà beaucoup plus beau et plus agréable. Nous longeons les remparts. A un carrefour, toute la circulation est arrêtée, les voitures des 5 grandes avenues sont stoppées et klaxonnent, elles doivent laisser passer un convoi officiel de motos et voitures noires. Comme autrefois du temps de Brejnev ! Ils n’ont pas changé dans leur art de la mise en scène, ou précaution de sécurité. Pas de chance le kremlin est fermé le jeudi et nous sommes justement jeudi. Décidément Moscou nous réussit moins bien que St Pet. Nous devons nous contenter de la Place Rouge ! (Je crois qu’ils sont nombreux ceux qui voudraient s’en contenter, nous allons donc pas faire trop les difficiles).
Nous arrivons aux abords de la place Rouge et je ne reconnais rien. Certains grands bâtiments de l’ère soviétique ont disparu et d’autres sont en cours de démolition. Les routes aussi ont été détruites et ont laissé la place à des zones piétonnes et esplanades avec jardins et fontaines.
Je ne me rappelle pas non plus du porche et des deux tours, à l’entrée de la place, ni de la cathédrale de Kazan rose et verte ! Quel choc, de ne rien reconnaître. Je me demande où je suis, tout est fraîchement repeint et très coloré. Mais je dois avouer que c’est beau, plus beau qu’avant, mais très surprenant toutes ces couleurs vives ! Les coupoles et domes des églises ressemblent à des gâteaux. La place Rouge est entourée de barrières, on ne peut y aller ! La place Rouge était vide...
Nous ne pouvons pas résister à l'envie de fredonner la chanson Nathalie !
"La place Rouge était vide
Devant moi marchait Nathalie
Il avait un joli nom, mon guide
Nathalie."
C’est vrai qu’elle est belle cette place, mais vide de monde, elle est froide. Elle me rappelle trop le pouvoir soviétique, lorsqu'elle était condamnée la veille des grandes parades officielles et militaires. Je ne peux apprécier pleinement.
Nous entrons dans le Goum, il est magnifique, entièrement refait à neuf, aéré, propre, magnifiquement décoré à l’occidentale.
Là non plus je ne reconnais pas. Rien à voir avec le vieux magasin d'Etat vide et puant d’autrefois ! Plus d’odeur de concombres, de champignons, ni d’aneth, mais des boutiques des plus grandes marques européennes. Qui peut se permettre d’acheter ? Les touristes ? Les nouveaux russes ?
Nous pénétrons à l’intérieur de St Basile et là nous sommes tous charmés. Quelle beauté ces peintures murales et ces fresques. Quelle architecture surprenante, une forteresse avec de touts petits couloirs, et plusieurs petites chapelles en fait, une sous chaque coupole, un vrai labyrinthe.
Nous cherchons un coin pour manger et trouvons facilement un café dans une rue proche dans le quartier de Kitaï Gorod que je ne reconnais pas non plus, décidément c’est à se demander si j’ai vécu là pendant un an. Nous mangeons typiquement russe, la cuisine est authentique mais les prix plus élevés qu’à St Pet. Mais c’est la capitale et à 2 pas de la Place Rouge.
J’ai revu l’immense et laid hôtel Rossia avec sa pancarte qui domine fièrement sur le toit et ça m’a rappelé un souvenir :
"avec les copines françaises nous avions mis au point une stratégie il y a 20 ans, c’était d’aller à tour de rôle dans l’hôtel réservé aux touristes, pour se procurer du papier toilette ! en effet à l’époque nous n’en avions pas à la fac, nous n’avions que des feuilles de la Pravda. C’est aussi dans cet hôtel que nous venions manger quand nous avions trop faim, et c’est là aussi que j’avais fêté le mariage blanc d’une Française et d’un Russe dont j’avais été témoin." Quelle époque !
Nous repassons sur la Place Rouge et elle est bien plus belle, animée, et colorée, le ciel gris à laissé la place à une belle lumière. Je suis déçue de ne pas y retrouver la relève de la Garde. Le mausolée de Lénine n'est plus ce qu’il était !
Dire que je ne l’ai jamais visité, je réussissais toujours à échapper aux visites obligatoires, mais la relève de la Garde, j’aimais bien la voir. Elle est maintenant devant le monument du soldat inconnu, mais ça ne fait pas le même effet.
Nous partons en métro mais les stations ne plaisent même plus à Sonia, même les plus réputées ! Nous faisons un détour pour aller en voir quelques-unes comme Kievskaya, Komsomolskaya et Arbatskaya. Elles se visitent comme une curiosité de Moscou. Elles sont très belles, mais c'est beaucoup trop bruyant et les moscovites sont très pressés. C’est beaucoup moins plaisant que le métro de St Pet plus provincial et tranquille et nous ne sommes pas dans d'assez bonnes dispositions pour pouvoir apprécier.
La fatigue de la journée après la nuit de train commence à se faire ressentir. Nous aimerions bien aller visiter la Galerie Trétiakov mais nous ne sommes pas assez en forme, nous n’en profiterions pas. Je décide alors de les amener sur les monts Lénine, d’où il y a une belle vue sur la ville. Je cherche tout d’abord dans le métro la station Les monts Lénine mais elle n’existe plus, elle a été rebaptisée Monts des moineaux ! Plus de trace de l'aire soviétique, ça ne m'aide pas à m'orienter !
Je cherche la grande esplanade et le point de vue sur la ville devant le gigantesque bâtiment de l’université et à la place nous trouvons un immense complexe en construction. Je suis déçue, il n’y a rien à voir, du bruit, des travaux, de la poussière, de la circulation et nous sommes fatigués. Christian et les enfants ne se plaignent pas, ils sont tous super sympas mais le cœur n’y est pas. L’enthousiasme de découvrir Moscou est retombé. Ce n’est plus l’ambiance de St Pet, ni l’éblouissement et ravissement permanent.
Nous nous rendons au Monastère Novodevitchi, car j'en avais gardé un excellent souvenir, j'espère qu’il n’y aura pas un hyper marché avec parking à la place ! Je retrouve le monastère intact, et là c’est un havre de paix au sein de cette immense métropole grise. Un très bel ensemble d’églises, coupoles, clochers, bâtiments au sein d’une verdure reposante avec les arbres préférés de Laura, les bouleaux. Nous apprécions le calme, et la tranquillité, le son des cloches. Nous nous allongeons sur des bancs et dans ce coin si paisible je m’endors.
Quelques sœurs circulent, un office a lieu, nous écoutons les chœurs orthodoxes si beaux. Nous restons longtemps à nous reposer, nous hésitons, renter dans la banlieue ou rester en ville. Le temps se lève, le soleil brille à nouveau et reposés tout nous semble plus beau. Le sourire revient sur tous les visages. Nous nous promenons dans un joli parc au bord d’un étang. Nous nous arrêtons à nouveau et Maxime et Sonia s’endorment à leur tour. Ça leur fait du bien. Nous sommes presque tous requinqués sauf Laura qui a un peu de mal et une petite mine mais comme d’habitude elle ne se plaint pas. Nous décidons de prolonger la soirée dans Moscou car nous ne sommes là que pour 2 jours et voulons en profiter un maximum.
Nous retournons près de la Place Rouge et là je découvre un espace nouveau entre le jardin Alexandre et La,place du manège, très bien aménagé avec une grande esplanade, de très belles fontaines et des bars. Le lieu est animé et très sympa. Nous nous arrêtons manger des chachliki, l’odeur nous a attiré.
Comme il n’y a pas de toilette dans ce bar et que nous ne voulons surtout pas tester les toilettes cabines sans évacuation de Moscou (l’expérience de St Petersbourg nous a suffit!!!), nous allons aux toilettes de Mac Do (ce nouveau symbole tout proche de la Place Rouge), mais nous ne sommes pas seuls, surtout chez les femmes. Il nous faut faire une sacrée queue.
Un dernier coup d’œil sur le coucher de soleil sur la place qui du coup devient vraiment rouge et belle et nous rentrons nous coucher.
Quelle journée !
Je suis bien et je fredonne l'air "Les soirs de Moscou" en revoyant toutes les images d'aujourd'hui et me remémorant celles des années 1980 !
Nous nous endormons tous tout de suite malgré la lumière (il n’y a pas de rideaux aux fenêtres) et la rumeur des voitures qui monte jusqu’au 6 ème étage !